Re: Livres
Posté : sam. avr. 21, 2012 1:26 am
ET VOI-LA
Parce que j'aime faire du HS dans vos topics Haha
Et pourtant. Pour avoir travaillé près d'une année sur les écrits politiques de Drieu, je te dirais même que je trouverais plus que légitime que la Pléiade sorte un volume qui rassemble l'intégrale de ses essais, chroniques et articles. Drieu est profondément méconnu. Sa pensée politique, on la juge en se basant sur ses romans ou sur les dernières pages de son journal. Tous les gens qui l'ont connu (de Paulhan à Nizan en passant par Berl et Malraux), s'accordent pour dire qu'il est un penseur essentiel du siècle et un homme exceptionnellement loyal. "Témoin et visionnaire" selon Frédéric Grover, "prophète héroïque" selon Brice Parain. La pensée essentielle de Drieu n'est pas le fascisme mais l'Europe. Enfin... Loval pourra te confirmer tout ça dès qu'il aura lu mon mémoireHellboy a écrit :Mouais, mouais, mouais.Sigurd a écrit :Le jour où Drieu est entré à la Pléiade.
Je ne sais pas si c'est une si bonne nouvelle que ça.
C'est surtout un gars qui a passé sa vie à se contredire, passant d'un extrême à l'autre et n'aboutissant finalement nulle part. Louette écrit dans la préface : "son suicide nous épargne un embarras: il a assumé sa conduite" mais on peut aussi penser qu'il a agi par peur, ce qui ne serait pas étonnant.Sigurd a écrit : La pensée essentielle de Drieu n'est pas le fascisme mais l'Europe.
Justement, sur l'Europe, il ne se contredit jamais. Il faut lire Mesure de la France, Le Jeune Européen, Genève ou Moscou, L'Europe contre les patries, Socialisme fasciste, Notes pour comprendre le siècle, Avec Doriot, Le Français d'Europe. Tu comprendras que son parcours est éminemment plus cohérent qu'on ne le laisse entendre. Et dire qu'il a passé sa vie à passer d'un extrême à l'autre est tout aussi erroné. Jusqu'au 6 février 34, il a toujours refusé l'engagement politique, il a toujours vu d'un mauvais œil fascisme et communisme. S'il a refusé d'entrer dans l'Action Française, c'est parce que le "nationalisme intégral" de celle-ci le rebutait et ne s'accordait pas avec son internationalisme.Hellboy a écrit :C'est surtout un gars qui a passé sa vie à se contredire, passant d'un extrême à l'autre et n'aboutissant finalement nulle part. Louette écrit dans la préface : "son suicide nous épargne un embarras: il a assumé sa conduite" mais on peut aussi penser qu'il a agi par peur, ce qui ne serait pas étonnant.Sigurd a écrit : La pensée essentielle de Drieu n'est pas le fascisme mais l'Europe.
Tu dis que sa pensée est l'Europe et ses errements sont sans doute un témoignage du chaos moral et politique de l'époque mais son écriture n'en était pas innovante pour autant d'où mes doutes concernant son entrée dans la pléiade (n'est pas Céline qui veut).
Excellent petit livre. Lu en quelques petites minutes mais, à nouveau, d'une belle intelligence. Plus je le lis, plus je regrette son manque de médiatisation. Peut-être parce qu'il est l'un des rares intellectuels à ne pas aboyer.Sous le titre Les Enfants-loups, sont réunis ici un conte philosophique et deux conférences qui ont pour point commun la question de l'éducation. " Etienne Barilier me paraît aujourd'hui donner l'exemple d'une attitude intellectuelle fondée sur une éthique de la parole, faite de rigueur dans la pensée, de responsabilité dans l'engagement, de confiance dans le dialogue. " (C.R.) Postface de Claude Reichler
Un nouvel essai très intelligent et très efficace de Barilier qui présente une analyse lucide des phénomènes récents (Fukushima, "Printemps arabes" etc.).Grâce aux médias contemporains, le monde tout entier, à tout instant, nous est présent. Cela signifie-t-il que nous le connaissons mieux qu’auparavant ? Journalistes en tête, nombreux sont ceux qui craignent au contraire que l’information véritable ne survive pas à l’ère d’Internet.
Les médias contemporains, c’est vrai, aggravent les défauts des médias de toujours : ils menacent de faire de nous des êtres irrationnels, sans mémoire, sans histoire, sans projet. Ils reflètent, donc intensifient toutes les contradictions d’une civilisation, la nôtre, qui condamne le progrès mais adore la technique informatique ; qui s’enthousiasme naïvement pour la révolution arabe, mais renie inconsciemment son propre humanisme.
Les médias, qui devraient servir notre mémoire, servent souvent notre oubli. Mais rien n’est inéluctable. Nos moyens d’information, y compris Internet, sont et seront à notre image. Si nous gardons l’esprit critique, rien n’est perdu.
E.B.
A mi-chemin entre l'essai et le roman, c'est très agréable à lire, drôle et, encore une fois, très pertinent. Les références de mélomane peuvent paraître un peu étouffantes pour le néophyte mais c'est tout de même très accessible puisque, au final, l'auteur parle plus de civilisation que de musique.Au cours d’un festival d’été, dans le sud de la France, une jeune pianiste chinoise joue Scarlatti, Brahms et Chopin. Subjugué, un critique musical salue en elle la plus grande pianiste d’aujourd’hui. Un autre critique, ironique et distant, dénonce chez la même interprète un jeu sans âme, fait d’artifice et d’imitation.
Les deux journalistes se disputent à grand renfort de blogs et de courriels. Ils se connaissent de longue date, et leur querelle esthétique se double d’un conflit plus intime. Choc des egos plutôt que de civilisations? Si l’on peut parfois le soupçonner dans leurs échanges de plus en plus vifs, on découvre aussi dans ce livre une réflexion sur la musique occidentale : pourquoi jouit-elle d’un tel prestige en Extrême-Orient ? L’Europe est-elle en train de se faire voler son âme, ou de la retrouver sous les doigts d’une pianiste chinoise ?
Insolite mélange de biographie et de cinéphilie. Si l'aspect politique ne m'a pas franchement emballé, l'évocation de souvenirs cinéphiliques (parfois même lausannois) est touchante.Michel Boujut a grandi entre deux drames familiaux, insérés dans la tragédie collective des deux guerres mondiales. Celui de son grand-père Maurice, fauché à 26 ans en septembre 1914, et celui de son père Pierre, prisonnier dans un stalag pendant quatre ans et demi. A la troisième génération, Michel, jeune appelé qui doit partir pour l'Algérie, décide de rompre le cycle infernal du casse-pipe : il désertera. La raison de son adieu aux armes, c'est "le refus, radical, d'une guerre sale faite salement".
Alors, au lieu de rejoindre son unité, le soldat Boujut Michel arrive à Paris, le 13 mai 1961, le jour où le monde apprend la mort de Gary Cooper. C'est un signe du destin : en attendant de quitter la France, il se cachera pendant quinze jours dans les salles obscures du Quartier latin. Ainsi naîtra une vocation dont il fera son métier.
Critique de cinéma, essayiste et romancier, Michel Boujut revient sur le moment clé qui a fait basculer son existence, son refus d'aller combattre en Algérie. Loin d'être une évocation nostalgique, ce livre plein d'élan nous fait partager des coups de coeur de cinéphile, des passions littéraires, et ouvre les portes d'une réflexion profonde sur la nécessité de l'insoumission face à l'indignité.