Et, autant être honnête, je suis loin d'être aussi emballé que vous. J'ai passé un moment assez pénible alors que j'en attendais vraiment beaucoup. J'étais convaincu que le film serait énorme comme annoncé, je connaissais un peu la filmographie de Guillermo Del Toro et ce que j'avais vu de lui ne me faisait dire que du bien de lui.
J'avais apprécié notamment, que ce soit pour les Hellboy et Le Labyrinthe l'attention réservée à l'écriture d'un bon scénario, avec de bonnes tranches de poésie, d'humour, d'épique aussi. Il y avait aussi, dans ces films, un soin pris pour la construction des personnages, avec des caractères, des comportements, des interactions bien définies, ce qui, nécessairement, rend ces personnages accessibles et attachants. En quelque sorte, cet amoureux de réalisateur qu'est Guillermo Del Toro a toujours pris le temps et le soin de nous transmettre ses émotions à travers l'écriture de ses films.
Or, ce que j'ai constaté, pour ma part, c'est que pour Pacific Rim, Del Toro et son équipe ont complètement laissé de côté l'écriture. L'envie irrésistible de raconter une histoire, d'embarquer les spectateurs, n'est plus là. Par voie de conséquence, Pacific Rim est un film totalement vide sur le plan émotionnel. Et ça se décline, concrètement, en trois points bien particuliers: le scénario, les personnages, les dialogues. Je reviendrai un peu plus tard sur tout ce qui concerne l'action, le visuel.
L'introduction, ici, en gros, c'est la bande annonce en version longue. On a peu de temps pour expliquer les tenants et les aboutissants de cette affaire d'aliens vs robots (désolé, je vais pas me fatiguer à utiliser les bons termes). En cinq minutes, hop, un coup de voix off, des images dans tous les sens et des années de guerre passées à la moulinette. Et tant pis pour ceux du fond qui suivent pas, qui comprennent pas trop comment fonctionnent les machines, qui comprennent pas trop comment les bébêtes arrivent là, qui pigent rien à cette histoire de portail, de dérive et tout et tout. Je suis loin de vouloir des explications à n'en plus finir à la Nolan (cf Inception) mais un petit peu plus de pédagogie ne m'aurait pas déplu. Là, en gros, c'est 5 minutes qui font le forcing pour te dire "soit tu acceptes le concept, soit tu meurs". Et après on démarre sur le premier bloc de baston in medias res.
Pour la suite je vais mettre quelques spoilers:
Bon et puis les dialogues, je crois qu'au fond de vous vous êtes d'accord, ça vole vraiment pas haut. Que du premier degré, aucune poésie, BEAUCOUP de conformisme et des bons sentiments à tire-larigot, de la punchline vraiment pas convaincante. Alors, ok, c'est un blockbuster mais je demande pas non plus du Polanski hein, mais quand même, un peu plus de finesse quoi. Certaines répliques bien envoyées sur le courage, sur l'amitié, sur l'espoir, bref, les BONS SENTIMENTS m'ont carrément fait détourner la tête de l'écran, parce que j'avais honte d'entendre ce genre de truc. Parce que je me fais une très haute opinion de Guillermo Del Toro, et que je l'attends ailleurs que sur des dialogues type Disney Channel. Mais bon, le truc c'est que tout ça reste quand même un délire de gamin gâté.
Un truc pourtant fonctionne bien: l'histoire dans l'histoire avec Charly Day et Ron Perlman. On y retrouve de l'humour, du recul, de la dérision. C'est un peu "bonjour je suis Charly Day et je vais me foutre de la gueule du film que vous êtes en train de voir". On retrouve un peu d'Hellboy dans cette démarche décalée. Et là ça fonctionne. Mais la connexion entre les deux blocs narratifs est totalement ratée et grotesque. Quand le super méga premier degré rencontre le second degré ça fait pas des chocapics. Moi ça m'embarrasse totalement.
Alors on le sait, la star de Pacific Rim n'est pas le personnage humain, mais la machine. A tel point qu'on en oublie parfois qu'elle est pilotée. Un truc totalement désincarné quoi. Et là, j'en arrive au visuel. Alors oui, je vais pas faire la fine bouche, c'est énorme, c'est spectaculaire, le deuxième bloc d'Hong Kong m'a coupé le souffle. Mais bon... Est-ce vraiment la claque promise? Pacific Rim est-il vraiment à l'avant-garde de son époque? Même si les comparaisons sont toujours limitées, qu'est-ce que ce film a de plus pour nous mettre une claque qu'un Hobbit, qu'un Tintin, qu'un Avatar? C'est certes ce qui se fait de mieux en ce moment, avec une poignée de films pas loin, mais ça ne fixe pas vraiment un nouvel horizon, ça n'ouvre pas de nouvelles brèches, ça ne propose pas quelque chose de totalement nouveau. C'est une brillante synthèse d'éléments déjà vus.
J'ai aussi l'impression que le rythme du film pâtit de l'hétérogénéité des blocs de baston. Idris Elba nous fait un discours pour nous chercher aux tripes, nous annonce du gros, du lourd. Et jamais le dernier bloc de baston n'atteindra ni la beauté, ni la violence, ni la jouissance provoquées par la battle d'Hong Kong. Et du coup moi ça me laisse sur ma faim.
Dernier point, et après j'arrête de parler, la musique. Eh bah la musique les gars, elle est toute pourrie. Elle ne correspond pas du tout à l'esprit épique, brave qu'appelle ce genre de film. Une bonne musique, c'est le truc qui te colle le frisson, le sanglot, au moment clé. Un truc que peut faire Howard Shore. Et là le thème il fait vraiment tache. Grosse tache auditive dans cette débauche de violence.
Ma note: 5/10